Les règles ne seraient plus tabou ? Pas si sûr. Depuis 2014, le 28 mai est décrété Journée mondiale de l’hygiène menstruelle. Discrimination à l’école, accès aux protections hygiéniques, précarité menstruelle, toxicité des tampons, taxe tampon etc… Aujourd’hui encore, les menstrues se trouvent toujours au cœur de multiples problématiques, économiques et politiques.


L’année suivante, l’événement devenait la Journée mondiale de l’hygiène menstruelle connue en anglais sous le nom de Menstrual Hygiene Day. Une journée mondiale de plus certes, mais qui reste assez méconnue du grand public. Pourtant à cette occasion, partout dans le monde, des événements sont organisés dans le but d’interpeller les décideurs afin d’améliorer les infrastructures sanitaires, notamment en milieu scolaire dans le but d’augmenter la fréquentation scolaire des filles, même pendant leurs règles. Le site officiel de la journée internationale de l’hygiène menstruelle met à disposition du contenu qui peut être partagé avec le hashtag #menstruationmatters (les menstruations ont de l’importance).

La précarité menstruelle : un enjeu mondial

“Chaque jour il y a 300 millions de femmes qui ont leur règles, c’est important de le rappeler”, nous confie Céline Robert, responsable de la division eau et assainissement à l’AFD (Agence française de développement). C’est un tabou partout encore, selon elle, et ça l’est encore plus dans les pays moins développés. “La précarité menstruelle, c’est d’abord ne pas avoir accès à des protections”, lance l’experte. En Inde, par exemple, 80% des femmes utilisent des morceaux de tissus et “bricolent” elles-mêmes leurs protections. Utiliser des protections inadaptées comporte un risque d’infection.

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Dans les PMA (pays les moins avancés), 50% des écoles n’ont pas de toilettes. Ce qui impacte les jeunes filles, cinq  jours par mois, on n’est pas libre de ses mouvements, ça amène les petites filles à manquer l’école.
Céline Robert, responsable eau et assainissement à l’AFD

“Il faut aussi avoir des lieux où l’on peut se changer, laver ces protections. 25% de la population mondiale n’a pas accès à des toilettes, ça grimpe à 70% en Afrique subsaharienne. Et ce sont les femmes qui paient le plus le prix de cette situation. On est sur un droit humain dont ne bénéficie pas une grande partie de la population des pays en développement. Dans les PMA (pays les moins avancés), 50% des écoles n’ont pas de toilettes. Ce qui impacte les jeunes filles, cinq  jours par mois, on n’est pas libre de ses mouvements, ça amène les petites filles à manquer l’école”, précise-t-elle. Cela créé aussi des situations de stigmatisation, les filles sont rejetées, isolées, au Népal, elles sont même totalement mises à l’écart pendant leurs menstrues. “L’impact se répercute sur l’ensemble de la société, parce que ça empêche de valoriser le potentiel des filles et des femmes”, estime-t-elle.



Comment faire bouger les choses ? Pour Céline Robert, il faut que ce sujet soit considéré comme l’affaire de tous, pas seulement celle de femmes, et cela passe toujours et encore en priorité par la communication. “Cette journée sert à ça, c’est pourquoi elle est importante et positive. Pour nous bailleurs de fond, le but c’est d’avoir une approche intégrée, de mener à la fois des actions en matière d’eau, d’hygiène et d’éducation. Il faut financer des structures en assainissement en eau dont des stations d’épuration, mais aussi des toilettes à domicile; ça contribue à améliorer la situation des femmes et des filles. C’est ce que nous faisons notamment au Niger, au Togo, en Ethiopie. Il y a aussi la sensibilisation à travers des campagnes qui traitent de l’hygiène menstruelle. On a commencé, c’est encore récent mais c’est un début. Il faut aussi introduire ces sujets dans les cursus scolaires. Ce que l’on fait mais encore trop de manière anecdotique, c’est aussi d’accompagner des filières de protections hygiéniques locales, en accord avec l’environnement. Ca crée des projets d’entrepreunariat social, et aussi des emplois.”

Source :Tv5monde